Comment appeler son compagnon à se joindre à la communauté des Sunnites (orthodoxes) ?

Question Comment devrais-je appeler un frère musulman soufi qui m’a fait un grand bien ? Il assiste assidûment aux cours dispensés par les ulémas… Je ne bénéficie d’aucun soutien de la part de ces ulémas dans mes efforts en dépit de la difficulté de convaincre les soufis, en particulier dans leur milieu. D’autant plus qu’ils accusent…

Question

Comment devrais-je appeler un frère musulman soufi qui m’a fait un grand bien ? Il assiste assidûment aux cours dispensés par les ulémas… Je ne bénéficie d’aucun soutien de la part de ces ulémas dans mes efforts en dépit de la difficulté de convaincre les soufis, en particulier dans leur milieu. D’autant plus qu’ils accusent les Salafites d’être des partisans irréductibles de l’excommunication, etc?

Louange à Allah.

Nous demandons à Allah
de vous réserver la meilleure récompense pour le suivi bienveillant dont vous
entourez votre frère en matière religieuse. Nul doute que l’un des bienfaits
divins les plus importants dont un fidèle serviteur puisse jouir est d’avoir
un cœur vif et attiré vers l’appel à Allah, la recommandation du bien et l’interdiction
du mal. Celui qui véhicule cet appel doit posséder le savoir et la clairvoyance.

Cheikh Ibn Outhaymine
(puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « ô Jeunes musulmans
conscients qui appelez à Allah ! Méditez la parole du Très Haut :
Dis: “Voici ma voie, j’ appelle les gens à (la religion) d’ Allah, moi
et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente. Gloire à Allah!
Et je ne suis point du nombre des associateurs. (Coran, 12 : 108).

C’est-à-dire : avoir
une vision claire par rapport à l’objet de l’appel, à l’état de l’interlocuteur,
et à la manière d’appeler. Autrement dit, il y a des conditions à respecter.
En voici quelques unes :

Premièrement, avoir une vision
de l’objet de l’appel

C’est-à-dire connaître
les dispositions légales régissant l’appel pour éviter d’appeler à une chose
que l’on considère à tort comme un devoir alors que la loi religieuse ne lui
donne pas ce statut. Car, dans ce cas, on imposerait aux fidèles serviteurs
d’Allah ce que Celui-ci ne leur impose pas. La possession du savoir requis
nous permet encore d’éviter de prôner l’abandon d’une chose considérée à tort
comme interdite alors qu’elle ne l’est pas dans la religion d’Allah. Ce qui
reviendrait à interdire aux fidèles serviteurs d’Allah ce que Celui-ci a rendu
licite.

Deuxièmement, connaître l’état
de l’interlocuteur

Il faut connaître le niveau
de ses connaissances et de sa capacité de discuter afin de bien se préparer
à engager une discussion ou un dialogue avec l’autre. Car si l’on engage une
discussion avec un partenaire plus fort, l’issue peut s’avérer catastrophique
pour la vérité que l’on défend à cause de notre seule impréparation.. Il ne
faut surtout pas croire que celui qui a tort échoue nécessairement dans tous
les cas…

Troisièmement,
avoir une vision claire des modalités de l’appel

J’exhorte mes frères
prédicateurs à rester sages et sereins puisqu’ils savent qu’Allah Très Haut
dit : Il donne la sagesse à qui Il veut. Et celui à qui la sagesse
est donnée, vraiment, c’ est un bien immense qui lui est donné. Mais les doués
d’ intelligence seulement s’ en souviennent. (Coran, 2 : 269).

Fatawa al-Haram al-Makki,
p. 1063-1066 (légèrement remanié). Voir la question n° 2023.

Il convient de faire
attention à certaines choses :

Premièrement, il faut
éviter la généralisation qui consiste à déclarer que le soufisme est fondé
sur l’innovation et l’aberration ou que tous les soufis sont égarés. Il faut
plutôt s’exprimer avec mesure en disant par exemple que les soufis qui commettent
tel ou tel acte tombent dans l’innovation (religieuse) ou d’autres expressions
similaires.

Les ulémas n’ont pas
jugé que le soufisme est totalement aberrant. Bien au contraire, ils ont divisé
le soufisme en trois catégories et ont expliqué ce qui en est conforme à la
Sunna et ce qui ne l’est pas.

Cheikh Muhammad ibn Ibrahim
dit : Les soufis comportent deux groupes ; un qui se réclame
de la Sunna et un autre qui baigne dans l’innovation. Les modérés d’entre
eux ne commettent que peu d’innovations tandis que les autres s’y plongent
de sorte à faire du soufisme une fenêtre qui s’ouvre sur l’unicité de l’existence .

Madjmou’
Fatawa Ibn Ibrahim, 1/n° 192.

Cependant la majeure
partie des soufis contemporains baignent dans les innovations et les aberrations.

Cela a déjà été expliqué
dans la question n° 4983,
47431 et 20375.

Vous pouvez abordez votre
interlocuteur de cette manière. Ensuite vous soumettez le type de soufisme
pratiqué par votre interlocuteur au Livre et à la Sunna. S’il y est conforme,
tant mieux. Sinon, il doit l’abandonner.

Deuxièmement, quant à
l’accusation qu’ils portent sur les Salafites, selon laquelle ces derniers
excommunient les gens, nous l’avons souvent entendue… Il n’y a ni défaut ni
erreur dans le fait de juger quelqu’un mécréant si des arguments prouvent
qu’il l’est réellement. C’est bien le contraire qui serait une grave erreur.

Nous ne nions guère qu’il
y a au sein des Salafites des gens qui emploient avec légèreté le terme mécréant .

Mais ce n’est pas l’approche
des membres de la Communauté des Sunnites. Ceux-ci ne jugent pas quelqu’un
mécréant pour le simple fait d’avoir commis un péché, fut-il majeur. Car
il faut qu’un argument religieusement valable prouve que l’acte commis implique
la mécréance. Il faut que certaines conditions se réunissent et que des obstacles
(ambiguïtés) soient écartés avant qu’on puisse juger quelqu’un mécréant.

Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya
(puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : La doctrine
des membres de la Communauté des Sunnites veut qu’il ne faut juger les gens
de la Qibla (musulmans) mécréants pour leurs péchés ou pour une interprétation
(erronée). Mieux, quand une personne a accompli à la fois de bons et de mauvais
actes, son sort sera déterminé par Allah .

Madjmou’al-Fatawa, 27/478.

Il dit encore :
Il n’appartient à personne de juger un musulman mécréant, même si ce
dernier a commis des erreurs. Car il faut d’abord lui prouver qu’il a tort
et lui expliquer ce qui est juste. Le doute ne fait pas perdre la qualité
de musulmans à celui qui l’a acquise certainement. Car l’on ne perd cette
qualité que sur la base d’une preuve (convaincante) et après avoir écarté
toute ambiguïté .

Madjmou al-fatawa, 12/466.

Il a ainsi expliqué que
les Sunnites ne jugent pas celui qui s’oppose à eux mécréants, même si les
opposants le font parfois à leur égard… Il dit encore : « les guides
des membres de la Communauté des Sunnites, les ulémas, hommes de savoir et
de foi, gens équitables et compatissants connaissent la vérité qui leur permet
de se conformer à la Sunna et de se mettre à l’abri de l’innovation. Ils observent
l’équité à l’égard de celui qui s’en écarte, même si lui était injuste avec
eux. Car Allah Très Haut a dit : Soyez stricts (dans vos devoirs) envers
Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne
vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’ équité: cela est plus proche
de la piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes Parfaitement Connaisseur
de ce que vous faites. (Coran, 5 : 8).

Pour leur compassion
avec leurs semblables, ils veulent que tous vivent bien guidés et bien instruits..
Ils ne veulent du mal à personne. Voilà pourquoi les ulémas sunnites ne jugeaient
pas leurs adversaires mécréants, même quand ceux-ci les déclaraient mécréants
car la mécréante relève d’un jugement religieux ».

Radd
ala al-Bakri, p. 256-258.

Troisièmement,
si vos connaissances ne vous permettent pas de le convaincre et de répondre
à ses interrogations, vous pouvez lui communiquer la vérité grâce à l’offre
d’un livre utile ou d’une cassette au contenu convaincant ou en l’amenant
à effectuer une visite auprès des ulémas de votre pays ou d’autres pays pour
les écouter et les interroger. Les moyens de bien faire sont facilement accessibles
à tous à nos jours – Allah soit loué – Ne négligez rien de tout cela… Peut-être
la cassette que vous lui offrez devient la cause de son retour au droit chemin.

Quatrièmement,
ne vous découragez pas de l’appeler et de chercher à l’orienter, peu importe
le temps à y mettre. Que de gens se sont repentis et sont revenus à la vérité
après des années passées à les appeler et à les rappeler.

Allah
le sait mieux.

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