Le statuts des boissons gazeuses

Question Des rumeurs circulent ces temps-ci à propos de l’usage de dérivées des entrailles du porc dans la confection de la célèbre boisson américaine Pepsi. J’ai entendu des fatwa allant dans le sens de son interdiction. Ces rumeurs sont-elles fondées? Quel est le statuts de cette boisson? Que dire des autres boissons gazeuses pareilles? Louange…

Question

Des rumeurs circulent ces temps-ci à propos de l’usage de dérivées des entrailles du porc dans la confection de la célèbre boisson américaine Pepsi. J’ai entendu des fatwa allant dans le sens de son interdiction. Ces rumeurs sont-elles fondées? Quel est le statuts de cette boisson? Que dire des autres boissons gazeuses pareilles?

Louange à Allah.

Premièrement, les nourritures sont en principes licites
jusqu’à preuve du contraire. Des boissons gazeuses ont toutefois suscité des
discussions qui nécessitent la recherche et l’examen:

1.L’usage de l’alcool pour diluer la matière première.

Docteur Muhammad Ali al-Bar dit
dans son livre intitulé le vin entre la médecine et le droit musulman p.65:Peut-être
beaucoup de lecteurs ne savent-ils pas que les matières premières de boissons
gazeuses comme Pepsi Cola et Coca Cola sont diluées
grâce à une petite quantité d’alcool et que celui-ci est l’esprit du vin ou spirits comme on l’appelle communément.

2. La présence de la matière pepsine dans ses composantes , matière souvent extraite des tissus des
membranes du porc.

On lit dans l’encyclopédie universelle arabe(26/106): la pepsine est une enzyme digérant
qu’on trouve dans le suc gastrique. Il décompose les protéines alimentaires en peptides.
Les enzymes digestivesressemblent aux autres enzymes dans leur composition chimique mais leurs effets sont complètement
différents en ceci qu’elles sont plus fortes dans un milieu alcide comme celui
de l’estomac. Elles n’ont pas d’impact sur les graisses et les carbo-hydriques. La pepsine est produite
commercialement à partir du dessèchement des membranes muqueuse
de l’estomac du porc et de la vache. Il existe plusieurs produits commerciaux
de cette matière qu’on peut utiliser pour faciliter la digestion.» Se référer
au lien suivant:

http://www.mawsoah.net/gae_portal/maogen.asp?main2&articleidpepsi152455_1

3.Des nuisances avérées à la santé.

Voilà en substance l’objet des discussions suscitées par
ces boissons.

Deuxièmement, il faut s’assurer de deux choses pour que
ces objections puissent avoir une incidence sur le jugement: la présence
effective des éléments (dont la consommation est interdite) et s’assurer du
bien fondé du jugement religieux à formuler à leur égard.

Quant à l’usage de l’alcool et la pepsine extraite du
porc (dans la confection des boissons), la vérité est que cela n’est pas
vérifié dans toutes les boissons ni dans toutes brasseries car on peut pas employer
d’autres produits dans liquéfaction, et les superviseurs du processus dans les
brasseries veillent au respect des normes.

Dans beaucoup de pays musulmans, on évite l’usage de
l’alcool dans le processus de désagrégation en le remplaçant par d’autres
produits non suspects. Quant à la pepsine, elle peut provenir des membranes de
vache, comme nous l’avons indiqué dans une citation de l’encyclopédie
universelle arabe. On peut aussi la fabriquer en laboratoire grâce à d’autres procédés
chimiques. La société peut ne pas s’engager à utiliser des dérivées des
membranes du porc.

S’agissant des nuisances, nos investigations poussées ne
nous ont pas permis de découvrir une étude scientifiques
documentée et fiable attestant la présence de nuisances avérées dans ces
boissons. Tout ce qui existe se limite à des informations qui circulent çà et
là. Elles peuvent parfois avoir un argument scientifique mais ne donnentpas aux nuisances une gravité générale qui justifierait
qu’on les juge interdit. Leur consommation par des millions d’êtres humains
chaque jours, voire plusieurs fois par jour pour certains, fait croire
fortement l’absence de la nocivité évoquée peut être avec exagération.

Troisièmement, les spécialistes contemporains du droit
musulmans ont effectuédes recherches sur le statuts de l’usage aujourd’hui dans les boissons et nourritures
de l’alcool et de certains enzymes extraites du porc et transformées. Ils sont
parvenus à la conclusion que ces produits alimentaires sont licites, compte
tenu de l’absence d’une substance interdite dans la matière licite ou de
l’absorption de celle-là dans celle -ci, voire de la modification de sa
composition chimique qui abouti à sa transformation.

On lit dans les recommandations du colloque sur la vision
islamique de certains problèmes médicaux ce qui suit: «Les matières ajoutées
aux produitsalimentaires et aux
médicaments, qui proviennent d’une origine impure ou interdite, deviennent des
produits licites de deux manières:

1.La transformation

En droit musulman, on entend par transformation le
changement de la substance impure ou interdite et la transformation en une autre
matière complètement différente quant à ses nom,
spécificités et caractéristiques. Dans le jargon scientifique largement répandu,
on appelle ce processus toute réaction chimique qui transforme une matière en
une autre composition comme la transformation des huiles et graisses de
différentes origines en savon et la décomposition d’une matière pour faire ré
émerger ses différentes composantes (premières) comme la décomposition des
huiles et graisses pour redevenir des acides denses et du glycérine. La
réaction chimique est parfois provoquée par des moyens scientifiques et
techniques parfois sous une forme non prévue dans les cas de figure cités par
les spécialistes du droit musulman. C’est le cas par exemple de
la dé fermentation, du tannage et de l’incinération.

Cela étant, on considère que:

1.Les dérivées d’origine animale, interdite ou impure, dissoutes, comme il est
déjà dit, sont considérées comme licites donc utilisables dans les denrées
alimentaires et les médicaments;

2. Les compositions chimiques extraites d’origines impure ou interdite comme du sang isolé ou de l’eau des
égouts, qui n’ont pas fait l’objet de la dissolution en question dans la
définition du concept évoqué ci-dessus.

Il n’est pas permis d’utiliser ces compositions dans les denrées
alimentaires et les médicaments. C’est le cas des produits alimentaires qui
contiennent du sang isolé comme les saucisses bourrées de sang
, les boudins, le boudin noir, le hamburger et les aliments pour enfants contenant du sang, les
confiseries préparées avec du sang et les soupes contenant du sang et consorts,
sont considérées comme des aliments impurs donc interdits de consommationà cause de la présence du sang isolé non
absorbé.

Quant au plasma du sang considéré comme un substitut peu
coûteux du blanc de l’œuf, on peut aussi l’utiliser comme galette ou bouillon
ou boudin ou pain ou avec des produits laitiers ou des médicaments ou des aliments
pour enfants, qui peuvent être ménagés avec de la farine… Le colloque a pensé
que ces produits sont différents du sang aussi bien dans leurs noms que dans
leurs caractéristiques et propriétés. Ils n’ont pas le même
statuts que le sang, même si certains participants ne sont pas du même
avis.

3.
L’absorption

Elle se réalise quand une matière interdite ou impure se
dissout dans une autre matière pure et licite d’une grande quantité puisque le
mélange écarte l’impureté et l’interdiction du fait de la disparition des
propriétés de la matière jugée à l’origine sale comme ses couleur, saveur et
odeur, suite à leur dissolution quasi totale. Dès lors, le jugement de
l’ensemble est fondé sur l’état prédominent. En voici des exemples:

1. Les aditifs contenant de l’alcool dont une infime
quantité est utilisée dans les denrées alimentaires et les médicaments comme
colorants, les conserves et les anti coagulants

2. La Lécithine, et le cholestérol provenant d’une
origine impure et restés intactes. Il est permis de les utiliser dans les denrées
alimentaires et les médicaments à de très faibles quantités ajoutées à de
grandes substances pures et licites.

3. Les enzymes porcines comme la pepsine et l’ensemble
des levures chimiques et consorts utilisés à de faibles quantités qui
s’absorbent dansles denrées
alimentaires et les médicaments.»

On lit dans les fatwas du Conseil Européen pour la
Consultance et la Recherche (fatwa n° 34):«On écrit la lettre E suivi d’un
numéro sur certains produits alimentaires pour indiquer que le produits
contient des ingrédients gras ou des os du porc. Dans ce cas, quel est le
jugement de la loi religieuse à propos de ces produits alimentaires?

Réponse

Les produits marqués par E suivi d’un numéro sont des
aditifs alimentaires dont le nombre dépasse 350. Ils sont soit des conserves, soit
des colorants ou des améliorants ou des denrées locales ou d’autres. Ils se
répartissent de par leur origine à quatre groupes:

Le premier est constitué de composantes chimiques
artificielles.

Le deuxième est constitué de composante d’origine
végétale.

Le troisième est constitué de composantes d’origine
animale.

Le quatrième est constitué de composantes imbibées d’alcool.

Le jugement qui leur est appliqué est qu’elles n’ont
aucun impacte sur la licéité de la denrée alimentaire pour les raisons
suivantes:

Quant aux premier et deuxième groupes, c’est parce qu’ils
ont une origine licite et que leur usage n’est pas nocif. Quant au troisième
groupe, il ne maintient pas son origine animal car il
a subi une transformation chimique qui altère complètement sa nature et en fait
une nouvelle matière pure. Ce changement a un impact sur le jugement religieux
à porter sur ces matières. Si celles-ci étaient intrinsèquement illicites ou impures,
leur transformation en une nouvelle matière leur donne un nouveau statuts. Comme c’est le cas avec du vin adouci qui devient
bon et pur et échappe au jugement porté au vin (naturel). Quant au quatrième
groupe, il relève souvent des colorants et consiste en des solutions dont on
utilise une très petite quantité qui s’absorbe dans le produit final. Ce qui
est pardonnable.

Aussi, toutes les denrées alimentaires ou boissons
contenant les produits susmentionnés dans leur composition gardent-t-ils leur
licéité d’origine et il n’y a aucun inconvénient pour le musulman de les
consommer. Notre religion est une religion facile à pratiquer. Elle nous
interdit la complication. La recherche et l’investigation (menées dans cet
esprit) n’ont rien à voir avec l’ordre qu’Allah Très-haut et Son Messager nous
ont donné.» Citation tirée de Fiqh an-nawaazil par Dr Muhamamd al-Djizaani (4/263-267).

Docteur Muhammad Ali al-Bar dit
dans son livre intitulé al-Khamr byan al-fiqh wa
at-Tibb,p.65):«Si quelqu’un buvait une grande
quantité de ces boissons comme Pepsi Cola par
exemple, devient-il ivre? Il est bien connu et admis de tous qu’on ne devient
pas ivre, quelle que soit la quantité qu’on en boit. Car la cause de l’ivresse
y est absente. Dès lors, le hadith qui dit : Est interdite
la consommation d’une petite quantité de toute boisson dont l’absorption d’une
grande quantité rend ivre. et le hadith qui dit: Si la consommation d’une
grande quantité d’une boisson rend ivre , l’absorption du plein de la paume de
la même boisson est interdite. (Rapportéet jugé bon par at-Tirmidhi,1866)
et déclaré authentique par al-Albani dans Sahih at-Tirmidhi. Ladite cause
d’interdiction ne s’applique absolument pas à ces boissons car quelle que soit
la quantité qu’on boit, on devient pas ivre.

Cela étant, les boissons en question ne peuvent être que
licites parce que la causede
l’illicéité d’une boisson, qui est l’aptitude à rendre ivre, n’y est pas du
tout et qu’elles ne relèvent du vin ni linguistiquement ni religieusement ni de
par leur statuts.En dépit de ce qui
précède, lamajorité des jurisconsultes
sont d’avis que, si on ajoutait du vin à un liquide ou une matière et si le vin
s’y dissolvait complètement, la matière n’aurait plus la propriété de rendre
ivre et deviendrait licite de consommation. Peut importe la quantité qu’on en
boit. Les résidus du vin qui y subsisteraient seraient pardonnables parce
qu’assimilés à ce qui est totalement absorbés. Les jurisconsultes ont trouvé un
argument pour leur avis dans la pratique du Prophète (Bénédiction et salut
soient sur lui) quant on lui offrit du fromage syrien et lui dit qu’il était
confectionné avec des aromes impurs. Il (le Prophète) en a autorisé la
consommation. D’après Ibn Omar, on présenta au Prophète (Bénédiction et salut
soient sur lui) à Tabouk du fromage fabriqué par des
Chrétiens. Il fit apporter un couteau, prononça le nom d’Allah, en découpa et
en mangea. (Cité par Abou Dawoud,3819
et jugé bon par al-Albani.

Ahmad et al-Bazzar ont rapporté
d’après Ibn Abbas:«On offrit du fromage au Prophète (Bénédiction et salut
soient sur lui) au cours d’une expédition et il dit:

-Où a-t-on fabriqué ceci?

-En Perse..Nous
pensons qu’on y a mis des dérivées de cadavres.

-Découpez-le avec un couteau, mentionnez le nom d’Allah
et mangez-en. Voir le Mousnad d’Ahmad
(1/302). Le hadith est jugé bon par les vérificateurs des hadiths.

Cela dit, toutes les boissons gazeuses telles que Pepsi Cola, Seven up, Coca Cola
et d’autresrelèvent des bonnes boissons
rendues licites par Allah bien que leurs matières premières contiennent une
petite quantité d’alcool. Allah le sait mieux.

On lit dans un sous chapitre intitulé la gazeuse
du chapitre consacré aux denrées alimentaires de l’encyclopédie juridique
publiée par le Ministère koweitien des Waqf et des
Affaires Islamiques ce qui suit:« La gazeuse est une boisson délicieuse qui
contient une faible quantité d’huiles parfumées mélangée avec du gaz CO2
soumis à la plus forte pression aérienne et parfois accompagné d’aditifs qui
lui confèrent une couleur ou une saveur spéciales. Les huiles employées dans sa
fabrication ne se dissolvent dans les autres ingrédients qu’une fois mélangées avec de l’alcool. Celui-ci est apte à rendre ivre.
Mieux, il est à la base de toutes les boissons qui rendent ivre. L’alcool étant
impur, il transfert son impureté à l’huile et partant à la gazeuse. Dès lors,
il est interdit de boire celle-ci.

Voilà ce qui apparait de prime abord. Si toutefois nous regardions les
choses de plus près, nous pourrions dire que l’usage de l’alcool comme aditif
ne vise que l’amélioration du produit. C’est comme l’emploi d’aromes impurs
pour transformer le lait en fromage. Ils (les jurisconsultes) ne rendent pas le
lait impur car leur usage est pardonnable. Tel serait le cas, si nous disions
que l’alcool est impur. Si nous disions qu’il est pur suivant l’opinion d’ach-Chawkaani et le choix de la commission des fatwas d’al-Azhar, il n’y aurait aucune ambigüité.
Allah le sait mieux.»

Les ulémas de la Commission Permanente pour la
Consultance ont été interrogés en ces termes:

A. Comment l’islam juge-t-il la consommation du fromage
hollandais?

B. Comment l’islam juge-t-il la consommation du poisson
salé et des sardines?

C. Comment l’islam juge-t-il la consommation des boissons
glacées telles que Pepsi et Sport Cola, par exemple?

Voici leur réponse:

a- tous les fromages sont en principe licites, à moins
que le contraire soit prouvé, ce qui n’est pas encore le cas. Aussi doit on
s’en tenir au statut quo.

b- le poisson salé et la sardine proviennent du poisson
dont la consommation reste licite , même trouvé mort.
En effet, quand le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) fut interrogé
sur l’eau de mer, il dit à propos de celle-ci: son eau est pure et les animaux
qu’on y trouve morts sont licites. Aussi peut-on les consommer.

c- tout ce que vous avez mentionné en matière de boissons
est licite sauf quand leur consommation en grande quantité rend ivre.» Fatwa de
la Commission Permanente (22/314).

Les membres de ladite commission furent interrogés encore
en ces termes: «Beaucoup de rumeurs circulent à propos du fromage importé et du
Pepsi. On dit souvent que ces deux produits
contiennent des aditifs interdits (dont la consommation est interdite par
l’islam)?

Voici leur réponse:«S’agissant du fromage importé et du Pepsi, nous n’avons rien de clair nous permettant de les
juger interdits, étant donné que les choses restent licites jusqu’à ce qu’une
preuve vienne lesinterdire
. Si toutefois on éprouve des doutes à leur propos, qu’on abandonne ce
qui suscite des doutes pour ce qui n’en suscite pas en application du hadith
allant dans ce sens.

Nous avons écrit au Ministère du Commerce à propos du
fromage importé, et le Ministère a répondu que le produit est débarrassé de
tout mélange interdit. Nous demandons à Allah Très-haut de nous assistertous à bien comprendre Sa religion.»
(22/262). Voir encore la réponse donnée à la question
n° 22013.

Allah le sait mieux.

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