L’espace situé entre ma maison et mon chaire constitue un des jardins du paradis

Question Il a été rapporté que le noble Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit: L’espace situé entre ma maison et mon chaire constitue un des jardins du paradis. Al-Mou’djamal-awsat d’at-Tabarani,tome 2 p.12. Que faut-il entendre par cette expression? Est-il vrai que le fait pour le visiteur de la mosquée prophétique de s’asseoir…

Question

Il a été rapporté que le noble Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit: L’espace situé entre ma maison et mon chaire constitue un des jardins du paradis. Al-Mou’djamal-awsat d’at-Tabarani,tome 2 p.12. Que faut-il entendre par cette expression? Est-il vrai que le fait pour le visiteur de la mosquée prophétique de s’asseoir entre la noble tombe et le lieu de prière ou le chaire lui permettra d’accéder dans un des jardin du paradis? Pourquoi a -t- on restreint le jardin à cet espace exclusivement? Pourquoi n’a-t-on pas fait de toute la superficie de la noble mosquée prophétique un jardin du paradis? La mosquée toute entière comme tous les lieux qui l’entourent n’ont ils pas été anoblis et jugés sacrés que grâce à la présence du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) , son installation sur place et sa noble vie vécue en ces lieux? Puisse Allah vous récompenser par le bien.

Louange à Allah.

Premièrement,
ce hadith fait partie des hadith reçus par voie
multiples et concordantes. Il en est celle grâce à la quelle les deux cheikh
ont rapporté d’après Abou Hourayra (P.A.a) que le Prophète (Bénédiction et salut soient sur
lui) a dit : L’espace situé entre ma maison et mon
chaire constitue un des jardins du paradis. (Rapporté par al-Bokhari
(1196) et par Mouslim (1391).

Quant
aux termes ‘entre ma tombe et mon chaire’ ils sont employés dans une version
d’Ibn Assakir citée dans Sahih
al-Bokhari que certains ulémas n’avaient cessé
d’attribuer au Sahih d’al-Bokhari.
Quand ce dernierlui-même a cité le
hadith dans le chapitre intitulé: le
mérite de la prière faite dans les mosquées de La Mecque et de Médine, il a
employé les termes ‘ma maison et mon chaire’ après un sous titre : ‘le mérite
de l’espace entre la tombe et le chaire’ Ces termes sont employés dans d’autres
versions du hadith.

Cependant
les ulémas ont jugé le terme ‘ma tombe’ faible pour deux raisons. La première
est qu’elle contredit les versions du plus grand nombre des rapporteurs. Ce qui
fait croire fortement que celui qui a dit ‘ma tombe’ a rapporté le sens du
hadith au lieu d’en rapporter les termes exacts. La deuxième est que si ce
terme était exact, il aurait permis aux Compagnons de reconnaitre
le lieu d’enterrement du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) de
sorte à ne pas entretenir une divergence à ce propos. Les uns auraient utilisé
cet argument pour l’emporter sur les autres. Mais tout cela ne nous est pas parvenu.
Ce qui indique que l’emploi des termes ‘ma tombe’ est une erreur émanant de
l’un des rapporteurs du hadith.

Cheikh al-islam, Ibn Taymiya (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) dit: «Ce qui a été rapporté de façon sûre du
Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) est qu’il a dit: L’espace situé
entre ma maison et mon chaire constitue un des jardins du paradis. Voilà les
termes cités dans le Sahih. Mais certains ont
rapporté le sens du hadith (au lieu de ses termes), d’où l’usage du terme
‘tombe’.

Quand le
prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) tint ses propos, il n’avait pas encore
de tombe. C’est pourquoi aucun des Compagnons ne trouva un argument dans ces
propos quand ils se disputèrent à propos de l’endroit où il devait être
enterré. S’ils avaient disposé d’un texte clair sur la question, ilaurait permis de trancher l’objet de la
dispute.» Madjmou fatwa (1/236).

Al-Hafidz Ibn Hadjar (Puisse Allah
lui accorder Sa miséricorde) a dit:« Le terme ‘tombe’ est employé dans le titre
puis dans les deux hadiths cités. C’est le terme ‘maison’ qui est employé car
la tombe s’est plus tard située dans la maison. Certaines versions du hadith
mentionnent ‘tombe’. Al-Qourtoubi dit : La version exacte est celle qui mentionne ‘maison’. On a
aussi mentionné ‘ma tombe’. On dirait qu’on a rapporté le sens du hadith, étant
donné qu’on l’a enterré dans la maison qu’il habitait. Fateh
al-Bari (3/70).

Il dit
encore (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) :« L’expression ‘entre ma
maison et mon chaire’ est employée par la majorité. C’est seule dans la version
d’Ibn Assakir qu’on trouve ‘ma tombe’ au lieu de ‘ma
maison’, ce qui est une erreur. Ce hadith est déjà cité dans le chapitre
consacré à la prière qui précède celui traitant des affaires mortuaires. Il est
rapporté grâce à la présente chaîne avec l’usage du terme ‘ma maison’. C’est
encore ainsi qu’il figure dans le Mousnad de Mousaddad, le maître d’al-Bokhari.

Certes,
on trouve dans un hadith reçu de Saad ibn Abi Waqqas rapporté par al-Bazzar
grâce à une chaîne de rapporteurs sûrs. Il est encore rapporté par at-Tabarani à partir d’un hadith reçu d’Ibn Omar dans
lequel on a employé le terme ‘tombe’. Cela étant, il est probable que le terme
‘maison désigne l’une de ses chambres et non toutes. Il s’agit alors de la
chambre d’Aicha qui abrite sa tombe. Une des versions du hadith précise
L’espace compris entre le chaire et la chambre d’Aicha est un des jardins du
paradis. Cité par at-Tabarani dans al-Awsat. Fateh al-Bari (4/100).

Deuxièmement,
quant au sens du hadith, il fait l’objet de trois avis émis par les ulémas:

Le
premier est que cet endroit ressemble aux jardins du paradis en ce sens que
celui qui s’ y installe, éprouve le bonheur et la tranquillité.

Le
deuxième est le fait de s’y vouer au culte est une cause de l’entrée au
paradis. C’est l’avis choisi par Ibn Hazem dans al-Mouhalla (7/284). Ibn Taymiyaa rapporté que l’imam Ahmad préférait prier
dans le jardin.

Le
troisième est cet espace compris entre le chaire et la maison du Prophète
(Bénédiction et salut soient sur lui) deviendra un des jardins du paradis.

Le qadi Iyadh (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit :«
L’expression ‘ un des jardins du paradis’ peut avoir deux acceptions dont l’une
implique le sens apparent à savoir que les invocations et prièresqu’on y fait nous donne droit à cette
récompense. C’est en ce sens qu’on dit: Le paradis est à l’ombre des épées.
La seconde est que cet espace sera déménagé par Allah et installé tel quel au
paradis selon ad-Dawoudi.» Extrait de Chifaa (2/92).

Ibn
Abdoul Barr (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit:« Des gens ont dit
que le hadith signifie que l’espace sera déménagé au jour de la Résurrection et
installé au paradis. D’autres disent que c’est métaphorique. Ils veulent dire
que le fait pour le Prophète de s’asseoir à cet endroit entouré par des gens venus
apprendre le Coran et la croyance et la religion fonde la comparaison de
l’endroit à un jardin à cause de la noblesse de ce qu’on y recueille.

On l’a
annexé au paradis car son usage conduit au paradis à l’instar des propos du
Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui): Le paradis est à l’ombre des
épées. pour dire que le combat mené (pour l’islam) conduit au paradis. C’est
dans le même sens qu’in dit: La mère est une porte du paradis. On entend par
là que son bon traitement fait accéder au paradis, pourvu qu’on y ajoute le
respect des prescriptions. L’emploi de ce style allégorique est courant dans la
langue arabe. Allah sait mieux ce qu’il (le Prophète )
entend par là.» At-Tamhiid (2/287).

L’imam an-Nawawi (Puisse Allah lui accorder sa miséricorde) dit:
Ils ont émis deux avis sur son sens: le premier est que l’espace en question
sera déménagé au paradis. Le deuxième est que le culte qu’on y observe fait
accéder au paradis.

At-Tabari dit à propos de la signification de ‘ma maison’: il
y a deux avis. Selon l’un il s’agit de la tombe. C’est l’avis de Zayd ibn Aslam cité dans le cadre
de l’explication de l’expression ‘entre ma tombe et mon chaire’. Le deuxième
est qu’il s’agit de la maison qu’il habitait. On a encore rapporté ‘entre ma
chambre et mon chaire’.

At-Tabari dit que les deux avis concordent car sa tombe est
dans sa chambre qui était sa maison.» Extrait de Charh
Mouslim (9/161-162).

Al-Hafedz ibn Hajar (Puisse Allah
lui accorder Sa miséricorde) dit: Ses propos ‘un desjardins du paradis’ signifient : c’est comme
un des jardins du paradis par rapport à la descente de la miséricorde et la réalisation
du bonheurqui découle des cercles de dhikr qu’on y trouvait ,
notamment du temps du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui). Il s’agit
alors d’une comparaison implicite. Il peut s’agir encore de dire que la
pratique cultuelle y conduit au paradis, ce qui est une expression
métaphorique. L’expression peut aussi être prise au sens réelle en disant qu’on
déménagera l’espace tel quel dans l’au-delà au paradis. Voilà en somme les
interprétations que les ulémas ont faites de ce hadith. On les a agencés selon
leurs force. Extrait de Fateh al-Bari (4/100).

En
résumé, l’espace possède un mérite évident qui justifie que le musulman veille
à s’y asseoir et à y prier. Il faut toutefois savoir que le plus important
reste la crainte d’Allah qui est la cause de l’accès au paradis et non le seul
fait de s’asseoir dans le jardin ou dans un autre endroit.

Etant
donné qu’on est devant une affaire purement cultuelle, on ne peut pas expliquer
la cause de la spécification de cet endroit à l’exclusion de tous les autres.
Allah le Transcendant et Très Haut consacre des vertus
au temps, à l’espace et aux personnes de Son choix. Il le fait sur la base
d’une parfaite sagesse que nous ne pourrions pas découvrir.

Allah le
sait mieux.

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