Rattraper le jeûne pour le compte d’un défunt qui avait cessé de jeûner à cause de sa maladie

Question Je voudrais qu’on m’explique le sens du hadith : Un proche parent doit jeûner à la place de celui qui meurt avant de rattraper un jeûne non observé. Car un père vient de mourir cette année à la suite d’une longue maladie et il n’avait pas pu terminer le rattrapage des jours du Ramadan passé…

Question

Je voudrais qu’on m’explique le sens du hadith : Un proche parent doit jeûner à la place de celui qui meurt avant de rattraper un jeûne non observé. Car un père vient de mourir cette année à la suite d’une longue maladie et il n’avait pas pu terminer le rattrapage des jours du Ramadan passé qu’il n’avait pas jeûnés. Est-ce que l’un de ses enfants pourrait jeûner à sa place ou cela n’est-il pas nécessaire ?

Louange à Allah.

Quand on souffre d’une maladie jugée désespérée,
on n’est plus tenu ni de jeûner ni de rattraper le jeûne non observé. On
nourrit un pauvre pour chaque jour à jeûner. Si le malade en question l’avait
fait au cours de sa vie (cela suffit). Autrement, ses héritiers doivent le
faire à sa place. Quand on souffre d’une maladie jugée guérissable, on n’est
pas tenu d’observer le jeûne du Ramadan à cause de la maladie. Le malade devra
rattraper le jeûne (une fois guéri). Si la maladie perdure, le malade n’encourt
rien et il n’est tenu ni de jeûner ni de nourrir un pauvre. Ses héritiers (une
fois mort) n’auront ni à jeûner ni à nourrir un pauvre à sa place. S’il avait
eu la possibilité de rattraper le jeûne sans le faire, il est recommandé à ses
héritiers de jeûner à sa place le nombre des jours qu’il avait raté. S’ils ne
le font pas, qu’ils nourrissent un pauvre pour chaque jour à jeûner.

Cela dit, le sens de la parole du Prophète
(Bénédiction et salut soient sur lui) : Un proche parent doit jeûner à la
place de celui qui meurt avant de rattraper un jeûne non observé. est
que si une personne cesse de jeûner à cause des règles, du voyage ou d’une
maladie jugée guérissable puis se retrouve capable de rattraper le jeûne sans
le faire, on recommande à ses proches de le faire à sa place.

L’auteur d’Awn
al-Maaboud (7/26) dit : Tous les ulémas
sont d’avis que celui qui s’abstient de jeûner à cause d’une maladie ou d’un
voyage et qui ne néglige pas le rattrapage mais meurt sans le faire n’encourt
rien et l’on ne doit pas nourrir un pauvre à sa place. Quant à Qatada, il dit qu’on nourrit un pauvre à sa place. Le même
avis est rapporté de Tawous.

Cheikh Ibn Outhaymine
(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit dans Madjmou
al-fatwas (19) :

Ce qui est réprouvé, ce qui est recommandé et
le statut du rattrapage :

«Si celui qui n’observe pas le jeûne du
Ramadan à cause d’une maladie meurt avant d’avoir la possibilité de rattraper
le jeûne, la question ne pose aucun problème ni par rapport aux textes et
traditions ni par rapport aux propos des ulémas. Quant aux textes, Allah
très-haut a dit : Celui d’entre vous qui, malade ou en voyage, aura été
empêché de le faire devra jeûner plus tard un nombre de jours égal à celui des
jours de jeûne non observés. (Coran, 2 :185). Allah Très-haut rend
obligatoire le jeûne d’un nombre de jours… Si l’intéressé meurt avant de
pouvoir le faire, il serait mort avant d’en avoir l’obligation. Il serait comme
celui qui meurt avant l’entrée du mois de Ramadan. On n’a pas à offrir de la
nourriture à sa place pour le Ramadan à venir, même s’il mourait peu avant.

Il s’y ajoute que le malade est dispensé du
jeûne aussi longtemps qu’il restera malade. S’il meurt avant d’être guéri, il
serait mort avant d’avoir l’obligation de jeûner. Dans ce cas, on n’est pas
tenu d’offrir de la nourriture à sa place car celle-ci remplace le jeûne. Quand
ce dernier n’est pas obligatoire, on ne le remplace pas. Voilà comment
démontrer à l’aide du Coran que celui qui n’est pas en mesure de jeûner
n’encourt rien.

Quant à la Sunna, le Prophète (Bénédiction et
salut soient sur lui) a dit : Un proche parent doit jeûner à la place de
celui qui meurt avant de rattraper un jeûne non observé. (Rapporté par
al-Bokhari (1952) et par Mouslim (1147). Le sens
littéral du hadith est clair. On n’en déduit qu’on ne jeûne pas à la place de
celui qui meurt sans laisser une dette de jeûne. Vous savez déjà que le malade
dont la maladie perdure n’est tenu ni de jeuner ni de rattraper le jeûne.

Quant aux propos des ulémas, l’auteur d’al-Moughni (p.241, tome 3, éditions dar al-Manar)
dit : «Tout cela revient à dire que celui qui meurt avant de rattraper le
jeûne du Ramadan se retrouve dans l’un de ces deux cas :

Le premier est le cas où il meurt avant de
pouvoir jeûner à cause du manque de temps ou pour une excuse due à une maladie
ou un voyage ou à l’incapacité de jeûner. Un tel malade n’encourt rien selon la
majorité des ulémas. Mais il a été rapporté que Tawous
et Qarada disent qu’on doit offrir de la nourriture
aux pauvres à sa place. Il (l’auteur) cite leur argument et le réfute. Plus
loin (p.341) il dit :

Le deuxième cas est celui d’un malade qui
meurt après avoir eu la possibilité de rattraper (le jeûne). On doit nourrir à
sa place un pauvre pour chaque jour à jeûner selon l’avis de la majorité des
ulémas rapporté d’après Aicha et Ibn Abbas. Plus loin, il dit : pour Abou Thawr, on doit jeûner à sa place. C’est l’avis de Cahafii. Puis il cite le hadith d’Aicha sus indiqué pour
l’argumenter.

L’auteur de charh
al-mouhadhdah (p.343, tome 6 éditions Librairie Irshad) dit : «sous-chapitre relatif
aux avis des ulémas concernant celui qui meurt tout en ayant raté le jeûne à
cause d’une maladie, d’un voyage ou d’une autre excuse et qui n’a pas pu le
rattraper avant sa mort.

Nous
avons mentionné que selon notre doctrine un tel malade n’encourt rien ; on
n’est pas tenu ni de jeûner ni d’offrir de la nourriture à sa place. Cet avis
n’est l’objet d’aucune divergence en notre sein. C’est l’avis d’Abou Hanifah, de Malick et de la
majorité. Selon al-Abdari, c’est l’avis de l’ensemble
des ulémas exception faite de Tawous et de Qatadah qui, eux, disent qu’on doit nourrir un pauvre pour
chaque jour non jeûné à la place du défunt. Ensuite, il (l’auteur) cite leur
argument et le réfute.

Al-Bayhaqui et
d’autres issus de nos condisciples ont trouvé un argument pour notre doctrine
dans le hadith d’Abou Hourayrah reçu du Prophète
(Bénédiction et salut soient sur lui) selon lequel ce dernier a dit :
Quand je vous donne un ordre, exécutez-le dans la mesure du possible.
(Rapporté par al-Bokhari et par Mouslim)

L’auteur d’al-fourou’
(p.39 tome 3 éditions aal-Thaani) a dit :
«Si on retarde le rattrapage du jeûne jusqu’à sa mort à cause d’une excuse, on
n’encourt rien selon la précision qu’il a faite en conformité avec les trois
imams et pour l’absence d’un argument (prouvant le contraire).

Ceci montre clairement que la question n’est
l’objet d’aucune ambiguïté et qu’on ne rattrape pas le jeûne au nom de
quelqu’un qui en était excusé jusqu’à sa mort. On n’offre pas de la nourriture
à sa place, non plus, à moins qu’il ait été frappé d’une maladie incurable.
Car, dans ce cas, on l’assimile au vieillard devenu incapable de jeûner et pour
lequel on offre de la nourriture, étant donné la nécessité de le faire à sa
place de son vivant en remplacement du jeûne. Ce que les ulémas ont confirmé à
cet égard ne nous dérange aucunement. Vous avez appris grâce à ce que nous
avons écrit que ç’aurait été un consensus sans les avis contraires de Tawous et Qatada.»

On lit dans fatwa de la Commission Permanente
(10/372) la question suivante : Ma mère était malade au cours du mois de
Ramadan de l’an 1397 de l’Hégire et elle n’avait pu jeûner que huit jours du
mois. Elle est morte trois mois plus tard. Est-ce que je dois jeûner les huit
jours à sa place ? Est-il possible de reporter le jeûne au-delà du Ramadan
de 1398 ou faire une aumône pour elle ?

Voici la réponse : «Si votre mère avait
été guérie après le mois de Ramadan au cours duquel elle a raté huit jours et
si elle avait laissé passer assez de temps pour rattraper le jeûne sans l’avoir
fait jusqu’à sa mort, on recommande à vous ou à un autre de ses proches parents
de jeûner huit jours à sa place, compte tenu de la parole du Prophète
(Bénédiction et salut soient sur lui) : Un proche parent doit jeûner à la
place de celui qui meurt avant de rattraper un jeûne non observé.
(Rapporté par al-Bokhari et Mouslim). Il est permis
de retarder ce jeûne mais il est préférable de le faire vite si on peut le
faire.

Si la
maladie avait perduré et qu’elle était morte avant de pouvoir rattraper le
jeûne, on ne le rattrape pas à sa place car elle n’en avait pas eu la
possibilité, compte tenu de la portée générale de la parole du Très-haut :
Allah n’impose à aucune âme ce qui dépasse ses capacités. et Sa
parole : Craignez Allah autant que faire se peut.

Allah le sait mieux.

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