Une information contestable accusant Aicha d’avoir tué Outhmane et d’avoir voulu tuer Ali (P.A.a )

Question Al-Bladhouri a raconté d’après Ahmad ibn Ibrahim ad-Darouqui qui le tenait d’Abou Nadhr d’après Isaac ibn Said d’après Omar ibn Said d’après Said ibn Amer qu’Ibn Hatib a dit: «Au jour du chameau, je me suis dirigé en compagnie d’Ali vers le palanquin qui apparaissait comme un hérisson à cause des flèches qu’il avait…

Question

Al-Bladhouri a raconté d’après Ahmad ibn Ibrahim ad-Darouqui qui le tenait d’Abou Nadhr d’après Isaac ibn Said d’après Omar ibn Said d’après Said ibn Amer qu’Ibn Hatib a dit: «Au jour du chameau, je me suis dirigé en compagnie d’Ali vers le palanquin qui apparaissait comme un hérisson à cause des flèches qu’il avait reçu. Ali frappa le palanquin et dit: La rougette d’Iram que voici a certes voulu me tuer comme elle avait tué Outhmane. Son frère , Muhammad lui dit: Es-tu atteinte?-Une flèche m’a touché à l’épaule. Muhammad introduisit sa tête dans le palanquin , tira Aicha vers lui et lui retira la flèche.» Cette information est elle vérifiée?

Louange à Allah.

Nous ne
sachions pas que cette information ait été rapportée par l’un quelconquedes ulémas spécialistes des informations et
de l’histoire, à l’exception d’Ahmad ibn Yahya al-Baladhuri dans son ouvrage intitulé ansaab
al-achraaf (2/249) où il dit: «Ahmad ibn Ibrahim ad-Dawraqui m’a raconté qu’Abou Nadher
lui a raconté que Isaac ibn Said lui a raconté
d’après Amer ibn Said qui le tenait de Said ibn Amer selon lequel Abou Hatib
a dit: «Au jour du chameau, je me suis dirigé en compagnie d’Ali vers le
palanquin qui apparaissait comme un hérisson à cause des flèches qu’il avait
reçu. Ali frappa le palanquin et dit: La rougette d’Iram
que voici a certes voulu me tuer comme elle avait tué Outhmane.
Son frère , Muhammad lui dit:Es-tu atteinte?-Une
flèche m’a touché à l’épaule. Muhammad introduisit sa tête dans le palanquin , tira Aicha vers lui et lui retira la flèche.»

Cette information
est contestable et n’est pas authentique ni dans son contenu ni dans sa chaîne
de transmission.

Premièrement,
Amer ibn Said est soit le grand père d’Isaac ibn Said, ce qui précède à l’esprit puisqu’il est Isaac ibn Said ibn Amer ibn Said. Dans ce cas,
la chaîne de transmission est coupée car le grand père mourut en l’an 70 (at-Tahdiib,8/34) alors que
le petit fils, qui affirme avoir reçu le hadith de lui, mouruten l’an 170 (at-Tahdiib,1/204).
La période qui s’écoula entre leurs décès est de 100. Aussi n’est-il pas
possible qu’il l’ait entendu de lui. Dès lors, la chaîne du hadith est faible
et coupée, soit il est un autre (Amer ibn Said). Dans
ce cas, il est un inconnu. Dès lors la chaîne est encore faible car elle dépend
d’un inconnu dans les deux cas. Or quand un inconnu se retrouve seul au niveau
d’un maillon de la chaîne des rapporteurs d’un hadith, on le rejette.

Deuxièmement,
comment Ali pouvait-il dire à Aicha (P.A.a) qu’elle
avait voulu le tuer comme elle avait tué Outhmane?!
C’est faux et absurde. Aicha (P.A.a) n’avait
absolument rien à voir avec le sang d’Outhmane. Elle
n’était sortie le jour du Chameau que dans l’espoir de pouvoir réconcilier les
musulmans.

Ahmad
(24133) a rapporté d’après Qauys ibn Abi Hazim: «Quand Aicha arriva à Hawhab, et entendit aboyer des chiens, elle dit: je crois
que je vais rebrousser chemin car le Messager d’Allah (Bénédiction et salut
soient sur lui ) nous avait dit: Laquelle d’entre
vous provoquera les aboiements des chiens de Hawhab?
Zoubyar lui dit: Tu rentres? Peut-être Allah le
Puissant et Majestueux réconciliera-t-Il les musulmans grâce à toi? (23733).
L’un de ses compagnons dit: Non, avance plutôt afin que les musulmans te
voient et qu’Allah le Puissant et Majestueux les réconcilie. (Déclaré authentique
par al-Albani dans as-Sahiha,
474)

L’imam Outhmane ibn Said ad-Darami (Puisse Allah leur accorder Sa miséricorde) a
rapporté grâce à sa chaîne que selon Nafi Aicha (P.A.a) dit: Au nom d’Allah, j’avais crains que si j’aimais
le tuer on me tuât. (elle parlait d’Outhmane) mais Allah savait depuis Son trône que n’aimais
pas le tuer. Voir ar-Radd alaa Djahmiyya par ad-Darami,83.Ce hadith est attesté
par une version transmise par Moudjahid d’après Aicha (P.A.a)
et citée par Nouaym ibn Hammad
dans al-Fitan (202).

Ibn al-Arabi (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit:
«Quant à sa sortie pour participer à la guerre autour du Chameau, elle n’était pas
sortie à cette fin mais quand les gens s’étaient retrouvés autour d’elle et
s’étaient plaints des troubles qui les secouaient , espéraient sa bénédiction
et croyaient que les gens auraient honte d’elle, idée qu’elle partageaitet qui le fit sortir en raison de la parole
d’Allah Très-haut: Il n’y a rien de bon dans la plus grande partie de leurs
conversations secrètes, sauf si l’un d’eux ordonne une charité, une bonne
action, ou une conciliation entre les gens. Et quiconque le fait, cherchant
l’agrément d’Allah, à celui-là Nous donnerons bientôt une récompense énorme.
(Coran,4:114).et vu Sa parole: Et si deux groupes de croyants se
combattent, faites la conciliation entre eux. (Coran,49:9).

L’ordre de
chercher la réconciliation est adresséà
tout le monde : mâle femelle, homme libreou esclave.Allah Très-haut , par Son jugement antérieur et Sasentence inévitable, ne voulut pas qu’il
y’eût réconciliation.En lieu et place,
Il y eut un combat acharné qui faillit aboutir à l’extermination des deux
camps. Un des combattantcoupa les
jarres au chameau. Quand l’animal tombade côté, Muhammad ibn Abou Baker alla recueillir Aicha (P.A.a) pour l’amener à Bassora à partir d’où Alli le renvoya à Médineavec le respect digne de son rang
en compagnie de trente femmes.» Extrait du Tafsiral-Qourtoubi
(14/181).

Ibn Kathir (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit dans
sa description de la bataille du Chameau: Les flèches s’abattirentsur le palanquin de la Mère des Croyants,
Aicha (P.A.a) et elle se mit à crier: Allah! Allah!
Mes fils, souvenez vous du jour de l’examen des comptes. Elle leva ses mains et
mit à prier contre ceux qui avaient assassiné Outhmane
et leurs partisans. Elle disait: Monseigneur, maudis les tueurs d’Outhmane. Extrait de al-Bidyay
wan-nihaya (7/270).

Al-Bokhari a
rapporté dans al-Adab al-Moufrad
(828) d’après elle: Qu’Allah maudisse celui qui insulte Ibn Affan. Ibn Assakir rapporte dans
son Histoire (39/488) qu’Aicha (P.A.a) dit: Puisque
je me fâche quand on frappe l’un d’entre vous avec une cravache, comment je ne
fâcherais pas quand on assène un coup d’épée à Outhmane!
Vous l’avez poussé à se fondre en excuses avant de le tuer! Ce hadith est
attesté pas d’autres rapportés par Ibn Assakir
(39/487-488) et par at-Tabari dans son Histoire
(3/82-83) et par Ibn Khayyat dans son Histoire,p.39.

Elle avait
l’habitude de louer Ali et de reconnaître son érudition. Mouslim
a rapporté (276) que Shourayh ibn Hani
a dit:J’a interrogé Aicha sur le message des bottes et elle m’a dit : va voir
Ali car il en sait plus que moi.

En somme,
cette information est archifausse et il n’est pas permis de la rapporter. Aicha
(P.A.a) ne sortit le jour du Chameau que pour
réconcilier les gens. Elle ne participa pas à l’assassinat d’Outhmane (P.A.a) ni à celui
d’Ali. Elle n’a pas dit un mot à ce propos. Elle s’y opposaet ne l’accepta pas. Elle ne voulut pas tuer
Ali (P.A.a). L’idée ne lui vint jamais à esprit.
Allah Très-hautl’ a
protégé contre les allégations des menteurs. Vu l’importance de la question , voir les réponses données à la question n°
954 et à la question
n° 127028 et à la question n° 147974.

Allah le sait mieux.

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